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Et voilà maintenant la Cristiani- Lise Cristiani (1827-1853)

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L’homme de Crémone désigne la vitrine, aussitôt le silence se fait dans la pièce, comme si un secret allait être dévoilé. 

Et voilà maintenant la Cristiani!  

Plus frêle, plus petite que tous les autres avant elle, différente.

Cette onde singulière qui parcourt le corps.

Couleur prune. Du dos à l’encolure, en frôlant l’épaule.

Plus belle que tous les autres.

Cristiani ? Connais pas, disent les visiteurs. Nous sommes venus à Crémone pour Stradivarius. Ce qui nous intéresse, c’est le mystère d’un grand maître, les valeurs qui s’expriment en chiffres, les bois, les vernis, les proportions, un savoir perdu de recettes sonores.

Seul mon regard reste accroché à la plaquette argentée de la vitrine : Cristiani, construit en 1700 par Stradivarius. Tient son nom de Lise Cristiani, celliste talentueuse née à Paris en 1827, morte à Novotcherkask en 1853 à l’âge de 26 ans. 

Moi, je suis venue uniquement pour toi. Je suis probablement aussi la seule à avoir remarqué le léger tressaillement du guide de Crémone lorsqu’il montra la vitrine. Un bref éclair dans ses yeux, une légère hésitation avant de prononcer sa phrase : Et voilà maintenant le Cristiani ! Connaîtrait-il ton histoire ? Ne parlerait-il peut-être pas du violoncelle, mais de la personne qui, âgée de dix-huit ans, se choisit ce nom ?

La Cristiani, c’est ce que l’on peut lire dans les notes de journaux.

Cristiani : l’instrument ou la femme ? Les deux se fondent-ils l’un dans l’autre alors que la syntaxe ne veut pas le permettre ?

La Cristiani, qui retentit encore et remplit les salles de concert avec ses chants, les Romances sans paroles que Mendelssohn lui a dédiées, qui partit en voyage avec ce violoncelle pour ne plus revenir de l’hiver sans fin, du paysage figé des steppes sibériennes.

(…)

(Übersetzung: Nicole Seidel-Guinebretière.)

(Aus: Ursel Bäumer, Wenn ich so denke, die Welt., Geest-Verlag 2007)

Copyright © 2007 Geest-Verlag, Vechta-Langförden